Dossier Spécial
RSE, Source de compétitivité pour les entreprises

QUELS SONT LES CHANGEMENTS INDUITS PAR LA RSE DANS LEURS ORGANISATIONS ? QUELLES SONT LES PISTES D’ENGAGEMENT POSSIBLES ? QUELS SONT LES FACTEURS CLÉS DE SUCCÈS D’UNE DÉMARCHE RSE ?

Encore peu connue par les entreprises il y a quelques années, la RSE a gagné en crédibilité auprès des grands groupes et des PME marocaines.

Cette croissance de l’engagement exige plus de transparence et incite les entreprises à intégrer de manière plus profonde et réfléchie, les concepts RSE dans leur stratégie, leur communication et leurs actions.

QU’EST-CE QUE LA RSE POUR UNE ENTREPRISE ?

La RSE est un concept qui désigne l’intégration volontaire par l’entreprise des préoccupations sociales, sociétales, environnementales et de gouvernance à sa stratégie, à sa gestion et aux relations avec ses parties prenantes. La RSE est un moyen pour l’entreprise de renforcer ses profits à court, moyen et long termes.

Il n’y a pas une seule façon de construire une démarche RSE : l’entreprise doit développer une politique cohérente au regard des principaux enjeux qu’elle aura identifié et définir sa stratégie et son plan d’action par rapport à ces derniers. Dès lors, le rôle et l’implication des managers, à commencer par le premier d’entre eux, le chef d’entreprise, sont absolument décisifs.

LA RSE, EST-ELLE UNE DÉMARCHE DE CRÉATION DE VALEUR ?

La RSE est justement un levier de performance, associant efficacités économique et financière, préservation de la valeur des actifs. Elle est très souvent facteur de réduction des coûts grâce aux économies de ressources qu’elle permet de réaliser. Par exemple, les charges des entreprises seront forcément réduites en cas d’une diminution des consommations d’énergie ou d’eau de leurs bâtiments, de leurs machines, de leurs moyens de transports par une gestion plus efficace.La RSE est aussi facteur de modernisation et d’innovation, qu’elle soit technologique, managériale ou sociale. Elle vous incite progressivement à revisiter et à adapter le fonctionnement et l’organisation de votre entreprise ainsi que la façon de concevoir et de fabriquer vos produits et vos services.

Vous vous adaptez à une demande croissante de vos clients et consommateurs, modifiez l’image de votre marque et pouvez donc gagner de nouveaux marchés. C’est particulièrement vrai quand vous êtes une PME et que vous fournissez un grand donneur d’ordre qui aura lui-même développé une démarche responsable et en fera un critère de choix.

La RSE permet à l’entreprise de maîtriser plus efficacement ses risques, qu’ils soient environnementaux, juridiques, financiers, sociaux ou d’image, ce qui rassure les investisseurs et vos différents partenaires financiers. En accompagnant vos fournisseurs dans ce type de démarche, vous sécurisez aussi votre chaîne d’approvisionnement.

La RSE va aussi rapprocher l’entreprise de ses collaborateurs et les motiver car elle répond à leurs attentes grandissantes en tant que citoyens, notamment sur les questions environnementales et sociales. Une démarche RSE participe au renforcement de la cohésion au sein de l’entreprise et c’est une réponse à la crise de confiance et aux interrogations sur la gouvernance du capitalisme.

Ainsi, la RSE redonne du sens au travail de chacun. C’est aussi un élément différenciant dans les opérations de recrutement de nouveaux collaborateurs. Les jeunes, notamment, considèrent de plus en plus la démarche de responsabilité sociétale d’une entreprise comme un facteur de choix à niveau de salaire égal.

L’entreprise qui veut recruter les meilleurs tient un argument de poids.
Un autre intérêt de la RSE, c’est de rapprocher l’entreprise des territoires sur lesquels elle développe ses activités, surtout quand ceux-ci sont déjà eux-mêmes engagés dans des plans d’actions de développement durable à la réussite desquels l’entreprise peut prendre part directement ou indirectement.

LE RENFORCEMENT DE L’INSERTION D’UNE ENTREPRISE DANS SON TISSU ÉCONOMIQUE LOCAL CONDITIONNE SOUVENT SON « PERMIS SOCIAL D’EXPLOITER »

POURQUOI S’Y INTÉRESSER QUAND ON EST UNE PME ?

L’entreprise doit prioritairement se concentrer sur son résultat économique car une entreprise qui n’est pas rentable ne peut perdurer. Actuellement, les entreprises ont appris à appréhender les effets directs ou indirects de leur organisation, leur process, et choix.

LA RSE EST UN VÉRITABLE LEVIER DE PERFORMANCE POUR L’ENTREPRISE, UN MOYEN D’AMÉLIORER SON EFFICACITÉ ÉCONOMIQUE, FINANCIÈRE ET SOCIALE, SA COMPÉTITIVITÉ, SES PROFITS À LONG TERME.

C’est un facteur de pérennité puisque la valeur de ses actifs et la maîtrise de ses risques sont préservés. De plus, en temps de crise qui perdure, la RSE apparaît plus que jamais nécessaire pour réhabiliter la confiance dans les entreprises.

La pratique de la RSE est aussi une façon de s’adapter aux attentes de ses parties prenantes : c’est une réponse à l’évolution de la demande sociale.

En effet, la « durabilité » d’une entreprise ne dépend pas uniquement de sa maîtrise de la gestion courante mais également de son aptitude à anticiper les besoins et les crises, et donc à prendre au bon moment les bonnes orientations qui la prémuniront des instabilités futures et lui permettront de saisir les opportunités de demain. Pour préserver sa rentabilité et la création de valeur à long terme, l’entreprise doit se préparer aux évolutions auxquelles elle devra faire face.

SI LA RAISON D’ÊTRE DE L’ENTREPRISE N’EST PAS DE SAUVER LA PLANÈTE, ELLE NE SAURAIT SE DÉSINTÉRESSER DE SON AVENIR.Il lui serait, en effet, de plus en plus difficile de créer durablement de la valeur sur une planète dégradée par les conséquences négatives du changement climatique, la disparition des espèces et la raréfaction des ressources.

En conclusion, s’inscrire dans une démarche RSE permet de s’assurer que les décisions que prend aujourd’hui une entreprise (choix d’investissement, orientations stratégiques, innovations technologiques, processus industriels, gestion des ressources, formation des salariés, etc…) pourront répondre aux besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Le temps long est un facteur important d’une démarche RSE puisque les effets bénéfiques de celle-ci iront croissants avec le temps.

LA BMCI ET LA RSE

A l’instar du Groupe BNP Paribas, la BMCI s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue et a décidé de mettre en place en 2012 une démarche RSE animée par une structure dédiée et un plan d’actions permettant sa contribution aux principes de développement durable.

Ainsi, afin de déployer sa politique RSE, la BMCI a mis en place une organisation transversale, qui touche tous les niveaux :

  • Le Comité RSE qui a pour rôle de structurer, dynamiser et piloter la démarche RSE.
  • La Direction Stratégie et Qualité à travers son équipe RSE, coordonne tous les projets RSE.
  • Un réseau de relais RSE engagés qui relayent la politique RSE, proposent des initiatives et mettent en place les bonnes pratiques RSE au niveau de leur métier.

La politique RSE de la BMCI repose sur 4 dimensions : économique, sociale, civique et environnementale :

  • Notre responsabilité économique : Financer l’économie de manière éthique
    Cet engagement s’appuie sur des financements et investissements à impact positif, le respect des meilleurs standards d’éthique et une gestion rigoureuse des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance.
  • Notre responsabilité sociale : Favoriser le développement et l’engagement de nos collaborateurs
    Cet engagement repose sur la promotion de la diversité et de l’inclusion, la gestion responsable de l’emploi et une gestion dynamique des carrières
  • Notre responsabilité civique : Etre un acteur engagé de la société

Cet engagement est décliné à travers des produits et services accessibles au grand public, la lutte contre l’exclusion sociale et la promotion du respect des droits de l’Homme, et une politique de mécénat en faveur de la culture, de la solidarité et de l’environnement.

  • Notre responsabilité environnementale : agir contre le changement climatique
    Cet engagement permet l’accompagnement de nos clients dans la transition vers une économie bas carbone, la diminution de l’empreinte environnementale liée à notre fonctionnement propre, et le développement de la connaissance et le partage des meilleures pratiques environnementales.

Cet engagement a été couronné en 2014 par l’obtention du Label RSE de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc sur le respect des principes RSE : Respect des droits de l’Homme, valorisation du capital humain, protection de l’environnement, gouvernance, éthique des affaires et contribution au développement économique et social du Maroc.

En 2015, la BMCI a été primée « Top Performer » par l’agence de notation extra-financière Vigeo qui a décerné les trophées aux 10 meilleures entreprises de la Bourse de Casablanca dont la BMCI en matière de Responsabilité Sociale et Environnementale.

LA BMCI DANS LE PALMARÈS « EMERGING MARKET TOP70 » DE VIGEO EIRIS DES ENTREPRISES AVANCÉES AU NIVEAU DE LA RSE

Le palmarès Emerging Market 70 de Vigeo Eiris rassemble les 70 entreprises dont les démarches de responsabilité sociale sont les plus avancées parmi un univers de 800 émetteurs cotés dans 31 pays émergents ou en développement.

Ce palmarès est issu de la notation, selon la méthode exclusive d’analyse et de notation Equitics* développée en 2004 par Vigeo (devenu Vigeo Eiris en 2015).

Les 70 entreprises sélectionnées sont cotées dans 15 pays, appartiennent à 29 secteurs d’activité et emploient plus de 2 millions de personnes. Leurs scores globaux sont les plus élevés de leur univers en matière de respect des droits de l’homme, de travail décent et de valorisation du capital humain, de protection de l’environnement, de gouvernance, d’éthique des affaires et de contribution au développement économique et social des territoires d’activité.

La BMCI fait partie des sept entreprises marocaines qui figurent dans le palmarès « Emerging Market Top 70 » publié cette semaine par Vigeo Eiris.

LES CONSEILS DE L’EXPERT

1- Gagner en compétitivité

Contrairement aux idées reçues, la responsabilité sociale n’est ni un luxe ni de la compassion. C’est désormais un concept de gouvernance et de gestion. La responsabilité sociale structure la relation entre toute entreprise et ses parties prenantes : actionnaires, collaborateurs, clients, riverains, générations futures. Autour de trois mots clés : s’engager, rendre compte et dialoguer. Avec pour objectif de maîtriser des risques complexes et de créer durablement de la valeur. La responsabilité sociale permet d’abord d’éliminer les coûts, potentiellement insoutenables, de la non-conformité en matière sociale, fiscale, ou environnementale. Quand elle est clairement affichée et portée de façon probante, la responsabilité sociale ouvre les portes aux financements les plus avantageux. Elle augmente la valeur du goodwill, en renforçant la réputation des équipes dirigeantes et l’image de la marque, elle permet de prévenir les conflits et les procès, de motiver les actionnaires et de fidéliser les clients. La responsabilité sociale c’est à la fois l’assurance et le véhicule de la performance.

2- Communiquer une image positive, innover, se différencier

La responsabilité sociale ne s’improvise pas. Ce n’est pas un art spontané. Il s’agit d’une démarche stratégique et managériale. Il y a besoin d’un investissement initial pour formaliser la démarche et l’appuyer sur des processus clairs, écrits et des indicateurs précis de suivi. La démarche de responsabilité peut conduire à apprendre à travailler autrement, avec des efforts à consacrer à la formation, à l’écoute, au reporting. Mais ces coûts sont légers et transitoires. Les résultats à moyen terme sont par contre spectaculaires et durables. La Responsabilité sociale conduit les dirigeants et les collaborateurs à prendre conscience de la raison sociale, c’est-à-dire du rôle de leur entreprise dans la société au sens large. Ce rôle contient une dimension économique à côté d’autres dimensions non moins importantes. Une entreprise responsable est d’une part attentive à l’impact de ses décisions sur l’ensemble de son écosystème et elle est, d’autre part, capable de tirer avantage des attentes et des intérêts de ses parties prenantes en leur apportant des solutions et des services qui correspondent à leurs besoins y compris de moyen et long termes. En regardant mieux l’avenir, une entreprise responsable se différencie dans le regard de ses clients, de ses collaborateurs et de ses autres partenaires. La notoriété seule ne suffit pas à susciter la confiance. La valeur immatérielle de l’entreprise est une fonction de sa responsabilité sociale.

3- Rendre compte de sa contribution au développement durable

La responsabilité sociale, c’est la contribution des entreprises aux objectifs du développement durable. Elle a besoin d’être concrète, opérationnelle, mesurable. Chaque partie prenante doit pouvoir accéder à des indicateurs précis, intelligibles et incontestés qui lui rendent compte du degré de prise en compte de ses attentes, de ses intérêts et de ses droits. Les émissions de CO2 ou les consommations de carburants, de papiers, d’électricité ou d’eau, sont des données aussi importantes que le taux de féminisation de l’emploi parmi les cadres, les indicateurs de sécurité, le dialogue social, les emplois créés, la formation, les achats locaux, etc. Chaque entreprise a la responsabilité de formaliser ses engagements et d’en rendre compte. Le plus important est de montrer que les risques sont bien identifiés et que les engagements sont pris de façon tangible pour les réduire et aller vers l’amélioration continue. Dans certains pays ce type d’information est obligatoire par la loi. Au Maroc, la dynamique est volontaire, mais elle est déjà bien réelle.


Fouad Benseddik, Directeur de Vigeo Maroc